Vol au Louvre : Ocean’s Eleven, version bricoleur

Le vol spectaculaire des bijoux de la Couronne, survenu au Louvre le 19 octobre 2025, a fait l’effet d’une bombe nucléaire dans le paysage médiatique mondial.
Chaînes de télévision, radios et journaux se sont empressés d’en faire leurs gros titres, exploitant l’affaire comme un scénario digne d’un film d’action américain. Reportages en boucle, débats enflammés, parodies d’humoristes, théories plus ou moins farfelues — tout y est passé : du grand banditisme international aux éternels « Russes » (un grand classique).

Un vol très prosaïque

La réalité, pourtant, s’est révélée beaucoup plus prosaïque : on avait tout simplement affaire à de la petite délinquance, certes audacieuse, mais désespérément ordinaire. Et ce n’est pas la première fois que le plus grand musée du monde attire les convoitises de quelques malandrins bien inspirés.
Ce qui me frappe — et, je dois l’avouer, me fascine un peu — à chaque révélation d’un vol majeur au Louvre, c’est la simplicité, parfois même la naïveté, des méthodes employées.
Souvenons-nous de Vincenzo Peruggia, en 1911, s’introduisant dans le musée vêtu en simple ouvrier pour subtiliser la Joconde en plein jour. Plus d’un siècle plus tard, les cambrioleurs de 2025 ont récidivé dans le même esprit : un camion élévateur, quelques minutes de diversion, des outils rudimentaires… et les joyaux inestimables disparaissaient dans la nuit.

Un vol royal avec des bouts de ficèle

On s’attendrait, à notre époque, à des technologies de pointe, à des scénarios hollywoodiens dignes d’un Ocean’s Eleven version parisienne. Mais non : ce sont encore le déguisement, le bluff et une organisation quasi artisanale qui font vaciller les plus grands trésors du patrimoine. Les voleurs ne piratent pas les systèmes ; ils piratent la routine, les habitudes, le relâchement humain.
Et c’est bien là ce qui stupéfie : comment, à l’ère des caméras intelligentes, des algorithmes de surveillance et de la sécurité numérique omniprésente, les chefs-d’œuvre les plus protégés du monde peuvent-ils encore tomber face à des « trucs de bricoleurs » ?
Peut-être est-ce justement cette simplicité, cette audace presque candide, qui confère à ces crimes une aura mythique — celle des légendes que l’on se raconte encore, longtemps après que les bijoux, eux, se sont volatilisés.

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