Un peu de vague à l’âme aujourd’hui.
Ce matin, un ami m’a appelé pour m’annoncer le décès de Robert Stenuit.
Oh, vous ne savez probablement pas qui il était, ou alors vous l’avec peut-être oublié, mais Robert Stenuit était un écrivain, explorateur, précurseur en plongée sous-marine, archéologue sous-marin et chasseur de trésors, même s’il n’aimait pas trop qu’on le qualifie ainsi.
Il avait participé à la première expérience d’habitation sous-marine, découvert l’épave de la Girona, première épave de l’Invincible Armada à être localisée, avec à bord un fabuleux trésor… bref un géant.
J’ai grandi avec ses livres et ses aventures, c’était un modèle pour moi, au même titre qu’Henri de Montfreid ou Jack London.
Il y a quelques années, je l’avais rencontré dans une manifestation autour de la plongée. J’avais apporté avec moi un vieux livre aux pages écornées et jaunies que j’avais trimballé partout, intitulé : Ces mondes secrets où j’ai plongé afin qu’il me le dédicace. Ce qu’il a fait avec une grande gentillesse. Mais imaginez le choc émotionnel lorsqu’en retour, il m’a demandé de lui dédicacer mon dernier roman !
S’en sont suivi d’autres rencontres, et une correspondance plus ou moins régulière.
En 2019, nous étions partis quelques jours en Corse avec une autre légende de la plongée, Jean-Pierre Joncheray, pour participer à une émission de télévision sur les chasseurs de trésors.
Jean-Pierre, toujours prompt à sortir des blagues pas drôles et à courtiser les jolies femmes, nous avait fait faire le tour des bonnes adresses culinaires de l’île. Robert nous parlait de ses aventures et moi, le « petit » jeune coincé entre ces deux géants pleins de bienveillance, je leur racontais mon récent voyage dans la jungle vénézuélienne sur les traces d’un trésor de pirate.
Je me souviendrais toujours de ces moments de grâce. Pressé par les horaires de départ de l’ avion, qui devait me ramener sur le continent, je les quittais un peu vite, sans savoir que c’était hélas la dernière fois que je les voyais. Jean-Pierre décédait accidentellement un an après, presque jour pour jour et à présent, Robert Stenuit tire sa révérence. Voila, les pages du livre se tournent inexorablement et on n’y peut rien.