De l’or flottant

De l’or flottant

Si l’océan prend beaucoup aux hommes, il arrive aussi qu’il leur restitue une petite partie de son butin. Fabuleux trésors faits d’or et de pierres précieuses ou artefacts plus insolites, c’est toujours avec une immense émotion que les aventuriers des fonds marins ramènent au jour ces capsules temporelles. Voici leurs histoires.

Ken Wilman et Madge

Ken Wilman et sa chienne boxer Madge se promènent quotidiennement sur la plage de Morecambe, dans le nord-ouest de l’Angleterre, histoire de humer l’air du large. L’animal joue avec tout ce qu’il trouve, comme de nombreux chiens. Mais ce jour de janvier 2013, alors que les embruns fouettent les visages des rares promeneurs présents sur la plage, Madge s’excite sur une étrange pierre gris jaune. Ken la ramasse. Elle est vraiment très légère par rapport à son volume et puis il y a cette odeur forte, un mélange de senteurs marines et d’émanations animales. Il vient de trouver de l’or flottant ; une pépite d’Ambre gris de trois kilos.


L’ambre gris se forme dans l’intestin des cachalots à partir des fragments non digérés de nourriture, souvent des calamars, leur plat favori. Il est ensuite régurgité par l’animal. Eh oui, l’ambre gris, qui permettra aux grands parfumeurs de fixer les fragrances les plus subtiles est en fait du vomi de baleine. Il peut s’agir aussi de déjection, mais dans ce cas, le produit sera trop dégradé pour pouvoir être utilisé en parfumerie. Après cette séquence poétique, revenons à la trouvaille de Ken Wilman et de Marge, la chienne boxer. Très vite, la nouvelle a circulé dans le petit milieu du luxe et, quelques jours après sa découverte, Ken s’est vu offrir 50 000 euros par un parfumeur français contre son bloc d’or gris


Pour la petite histoire, il faut aussi savoir que des amateurs consomment l’ambre gris dont ils saupoudrent certains mets qui acquièrent ainsi, paraît-il, une saveur des plus subtiles – Le roi Charles II d’Angleterre en saupoudrait ses œufs. Le gastronome français Brillat-Savarin proposait, quant à lui, une recette de chocolat à l’ambre gris.


Des préparations à découvrir, mais pour les bourses bien garnies uniquement, car à près de vingt mille euros le kilo cela fait cher la bouchée.

Source :

  • BBC News
  • courrierinternational.com
  • wikipedia

Objectif lune

Si l’océan prend beaucoup aux hommes, il arrive aussi qu’il leur restitue une petite partie de son butin. Fabuleux trésors faits d’or et de pierres précieuses ou artefacts plus insolites, c’est toujours avec une immense émotion que les aventuriers des fonds marins ramènent au jour ces capsules temporelles. Voici leurs histoires.

La longue silhouette de la fusée se détache en ombre chinoise sur le ciel encore étoilé de Floride. Le colossal tube de métal blanc est enveloppé de fumerolles dues à l’action du réfrigérant. Dans les hauts parleurs, le compte à rebours s’égrène mécaniquement. À dix le sol commence à vibrer dans toute la vallée et un grondement sourd se fait entendre. De la fumée sort des tuyères argentées et, à zéro, les feux de l’enfer s’allument sous le long cigare qui s’élève péniblement vers la voûte céleste rougeoyant sous la lumière du soleil levant. En moins de trois minutes, près de trois tonnes de carburant sont brûlées et l’engin continue son ascension vers les étoiles. Au sommet de la fusée Saturne V, dans la capsule Apollo 11, trois hommes sont écrasés par la terrible poussée. Leurs noms resteront dans l’Histoire : Armstrong, Aldrin et Collins.

Image parrahfaldt de Pixabay

Au fur et à mesure de sa progression verticale, les étages de la fusée se séparent et retombent, comme prévu, dans l’océan. Objectif lune !

Presque quarante ans plus tard, l’équipe de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon exulte en consultant les données délivrées par un tout nouveau sonar utilisable en eau profonde. Sous la coque de leur navire, à plus de quatre mille mètres de profondeur, l’appareil vient de localiser ce que Bezos cherche depuis des mois, le moteur F1 de la fusée Saturne V qui transportait la mission lunaire. Une longue, difficile et coûteuse opération de récupération démarre alors pour le milliardaire et ses équipiers. Ce sont bien sûr des robots qui seront chargés de ramener vers la surface les restes tellement oxydés du moteur que plusieurs expertises seront nécessaires pour être sûr d’avoir trouvé le bon. En effet, la NASA a procédé à de très nombreux lancements dont les débris pullulement dans cette partie de l’océan.

Bezos lui en est convaincu, il a bien découvert l’un des moteurs qui ont propulsé les Américains en tête de la conquête spatiale le 20 juillet 1969.

Sources : Bezos Expédition

Les grands aventuriers oubliés : Edmund Hillary – Tenzing Norgay

Edmund Hillary – Tenzing Norgay : sur le toit du monde. 

Ils ont risqué leur vie, ont fait avancer la connaissance, nous ont fait rêver et ont donné naissance à la légende. Ce sont ces hommes et ces femmes, parfois célèbres en leur temps ou simplement restés dans l’ombre et dont les noms tombent lentement, mais inexorablement dans l’oubli que je vous présente ici.

L’expédition britannique progressait lentement, trop lentement sur les pentes abruptes du mont Everest. Malgré les températures extrêmes, avoisinant moins trente degrés Celsius à cette altitude, les sujets de la Couronne poussaient leurs forces jusqu’à leur extrême limite. Il faut dire que l’enjeu était de taille : être les premiers à atteindre le toit du monde. Nous étions en 1953 et plusieurs tentatives infructueuses avaient déjà eu lieu. L’honneur était en jeu.

En tête de la colonne un grand type, dont les vêtements de haute montagne cachaient l’aspect filiforme et un plus petit à la physionomie résolument népalaise, ouvraient la marche.

Edmund Hillary avait été choisi, bien qu’il ne soit pas anglais, pour avoir l’insigne honneur de planter le drapeau britannique sur le plus haut sommet du monde. Il s’était adjoint les services d’un Sherpa très expérimenté : Tenzing Norgay.

Le 29 mai, après une nuit dantesque durant laquelle le froid les a tenus éveillés pour ne pas mourir gelés, Hillary et Norgay s’élancent à l’assaut des derniers mètres et parviennent à vaincre le géant de pierre.

Lequel des deux a véritablement atteint le sommet en premier ? C’est probablement Norgay, mais pour des raisons d’amitié les deux hommes déclareront l’avoir vaincu ensemble, ce qui en soi n’est pas faux. Pourtant, officiellement, Hillary sera considéré comme le premier à avoir conquit l’Everest, diplomatie oblige. Il sera d’ailleurs anobli pour cet exploit.

L’homme est né en 1919 et à toujours montré un goût immodéré pour l’aventure. À seize ans, il découvre l’alpinisme. Quelques années plus tard, il fera une première tentative avortée pour se hisser sur le Toit du Monde. Après sa victoire de 1953 en compagnie de Tenzing Norgay, il gravira encore une dizaine de sommets himalayens. Parmi bien d’autres exploits, cet aventurier au sens noble du terme épinglera également à son tableau une expédition au Pôle Sud. Il sera le troisième à l’atteindre.

Mais l’Himalaya reste son grand amour, il y fera construire écoles, hôpitaux, pistes d’atterrissage, ponts… et sera surnommé par les locaux : Burra Sahib (l’homme grand).

Celui qui refusait qu’on l’appelle Sir, malgré son anoblissement, préférant le simple surnom d’Ed, mourra d’une crise cardiaque en 2008 à l’âge de 88 ans.

Sources :

  • Le Nouvel Observateur
  • L’Humanité
  • Victoire sur l’Everest – John Hunt, Ed. Arthaud – 2014