Hervé Michel, un aventurier sur la piste des trésors de pirates

Portrait publié dans Marianne le 22/08/2021

Par Bruno Rieth

Publié le 22/08/2021 à 14:00

Arrivé sur le tard dans le milieu des chercheurs de trésor, le Français Hervé Michel, aujourd’hui romancier, a réalisé un vieux rêve de gosse : aller de par le monde à la recherche de magots aussi mythiques qu’hypothétiques. Une activité loin d’être de tout repos, à la limite de la légalité et parfois même au péril de sa vie.

Il n’y a besoin ni d’un fouet claquant dans l’air, ni d’un chapeau d’aventurier buriné par le soleil ou même de jouer du revolver pour se lancer à la poursuite de mystérieux trésors de pirate. Tout juste d’un bon tuyau et d’un solide détecteur à métaux, à en croire le Français Hervé Michel. Et également de garder un certain esprit cartésien face aux vieilles légendes.

« Depuis plusieurs années, j’étais sur la piste d’une cache du pirate Morgan. Une connaissance du Venezuela m’appelle un jour pour me dire que depuis quelque temps, il trouve des pièces dans une rivière. Ça a fait tilt », se souvient notre homme. Né au Pays de Galles au milieu du XVIIe siècle, tour à tour flibustier, corsaire mais aussi pirate, Henry Morgan va devenir l’un des capitaines les plus craints des Caraïbes. Non pas grâce à ses aptitudes de navigateur – il a à son actif de nombreux naufrages – mais par sa cruauté lors des pillages. « Un très mauvais marin mais un vrai sanguinaire », résume notre aventurier.

UNE BONNE DOSE DE CHANCE

En 2012, accompagné d’une équipe de télévision, Hervé Michel se rend sur place, remonte la rivière et débouche sur une grotte, lieu bien connu des locaux sous le nom de « Cuevas del Pirata », soit les grottes du pirate. De quoi faire saliver l’explorateur. Comme il le raconte : « Arrivé là, mon associé a refusé d’y entrer car il y avait une soi-disant malédiction sur la grotte. Moi, je m’y enfonce. Au bout d’une heure, on débouche sur une salle naturelle. Mon détecteur s’affole. Mais au moment où je découvre des premières pièces, l’eau se met subitement à monter. Vite, très vite. Il a fallu sortir à toute vitesse, le ruisseau était devenu un torrent. Phénomène rare, la grotte est restée inondée durant un an. Ça a relancé l’histoire de la malédiction… ». Le trésor du pirate Morgan est, quant à lui, toujours introuvable. Hervé Michel n’a jamais pu poursuivre ses recherches, faute d’autorisation des autorités.

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Pas grave. « Des trésors, il y en a des milliers par le monde qui n’attendent que d’être découverts », affirme-t-il. Et autant d’histoires pour nourrir de prochains romans. Écrivain et romancier, le chasseur de magots a eu plusieurs vies avant cela. Détective privé, dresseur de chien, vendeur de matériel de détection de métaux, c’est finalement par le journalisme qu’il se retrouve sur la piste des trésors perdus. « J’ai commencé à écrire pour des magazines spécialisés dans la recherche de trésor. Je suis allé au Pakistan, en Chine, à Madagascar etc… Ça m’a donné envie de passer de l’autre côté », explique-t-il.

À 37 ans, il se lance d’abord dans la recherche chez les particuliers. Arrivé sur le tard dans le métier, il peut compter sur une bonne dose de chance. « La première grosse découverte, c’était chez une dame qui m’avait demandé de passer un coup de détecteur chez elle pour retrouver une cache familiale, raconte-t-il. Elle nous fait rentrer dans la grange, mon partenaire pose le détecteur par terre pour s’équiper et là, ça sonne ! On a trouvé le trésor, un petit coffre avec plein de colliers et de bagues. »

À LA LIMITE DE LA LÉGALITÉ

Une activité lucrative, certes, mais beaucoup moins attrayante que de se lancer sur la piste de trésors mythiques. Mais gare à la sortie de piste ! Si sa passion pour l’Histoire le pousse à user les chaises des bibliothèques et des archives pour identifier de potentiels emplacements d’épaves ou de lieux regorgeant de magots, il le fait toujours en respectant le cadre légal. « J’ai duré longtemps parce que j’ai toujours respecté les règles, je ne suis pas un pilleur », rappelle-t-il.

Pourtant les propositions douteuses, « voire des recherches illégales », ne manquent pas dans ce petit milieu des chercheurs de trésors professionnels. Lui, les a toujours repoussées poliment. Il est aujourd’hui sur une nouvelle piste : « Un trésor perdu par Napoléon en 1814. Je pense l’avoir localisé, mais je n’ai pas encore prévu d’aller sur le terrain. Le problème, c’est qu’on tombe souvent sur les archéologues », peste-t-il. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a abandonné les recherches sous-marines. Trop compliqué. Les autorités ont rapidement tendance à y fourreur leur nez. « Imaginons que vous retrouviez une épave dans les eaux françaises le trésor d’un galion espagnol coulé par un bateau anglais, explique Hervé Michel. Eh bien, soyez sûr que chaque pays va en revendiquer la propriété et vous vous retrouvez coincé au milieu ».

Il y a quelques années pourtant, les démons du voyage le reprennent. Il part ainsi à Madagascar. Une « connaissance » suspecte des pécheurs locaux d’avoir découvert un fabuleux trésor. Elle l’embauche comme moniteur de plongée. Le matin, il forme des plongeurs, l’après-midi il « prospecte » « Je le précise car je n’avais pas d’autorisation. » Après avoir distribué quelques bakchichs ici et là, on finit par lui indiquer une zone de recherche. « On a trouvé une grosse ancre, après expertise, c’était bien celle d’un galion espagnol poursuit Hervé Michel. On a aussi détecté ce qui semblait être des canons. »

Mais impossible de pousser les investigations plus loin. D’abord parce que le lieu était étonnamment « infesté de poissons-pierre au venin mortel », explique-t-il. Ensuite, parce qu’en cas de découverte d’un trésor, les chances de survies à Madagascar se réduisent drastiquement. « Là-bas, pour tout ce qui est relève de la découverte archéologique, ils s’en fichent, affirme-t-il. Par contre, si on trouve de l’or, on vous liquide directement. » Finalement, un six coups n’est peut-être pas de trop…

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